La souffrance scolaire touche tous les acteurs du système scolaire et est générée par le système scolaire lui-même. C’est pourquoi nous pensons que celui-ci doit créer, en son sein, les contre-feux à cette souffrance, grâce à une formation spécifique des professionnels.
La plus spectaculaire de ces souffrances, et celle qui retient aujourd’hui l’attention des pouvoirs publics comme des média, est communément appelé «harcèlement entre élèves».
Nous contestons ce terme de « harcèlement » et avons choisi à la place celui d’ «intimidation», pour des raisons développées dans notre livres Les Blessures de l’école (extrait).
MADAME BOVARY
Gustave Flaubert plante le décor
Dès la première page de Madame Bovary, Gustave Flaubert a planté le décor : un élève maladroit accueilli par un maître peu bienveillant dans une classe moqueuse.
Voici tendu le piège de l’intimidation dans lequel n’importe quel élève pourrait se faire prendre. Et si, face à la même classe moqueuse, on imagine un enseignant débutant ou fragilisé, entouré d’une direction peu sécurisante et des collègues indifférents, le même piège se refermera alors sur le professeur.
SCHÉMA
Une approche systémique
Le plus souvent, les blessures de l’école ne résultent pas de la personnalité des protagonistes ; elles sont l’effet d’un contexte dans lequel chacun se trouve enfermé. L’intimidation scolaire, comme le chahut, doivent être analysés et traités selon une approche systémique, c’est à dire en prenant en compte de l’ensemble des interactions qui entrent en jeu dans la situation.
Le centre ReSIS propose un ensemble de formations permettant de traiter l’ensemble des blessures de l’école (intimidation chahut, humiliations, sexting…)
UN ÉLÈVE SUR DIX
L’intimidation entre élèves
Une série d’actions négatives répétées par un groupe d’élèves en direction d’une cible dans l’incapacité de se défendre, ce type de violence concerne environ un élève sur dix. Il s’agit donc pour les élèves du principal risque encouru à l’école.
Pour être résolues, ces situations doivent être détectées précocement et traitées avec méthode, toute maladresse des professionnels ayant en effet souvent pour conséquence d’aggraver les brimades. Le centre ReSIS a adapté au contexte français la Méthode de la Préoccupation Partagée (MPPfr) qui permet de résoudre environ 80% des situations traitées.
ENQUÊTE
Chahut et humiliation
Selon une récente enquête internationale (Talis 2018), les professeurs français sont ceux ont le plus de peine à maintenir l’ordre dans leurs classes. Pourtant la question du chahut est rarement observé pour ce qu’il est : un authentique risque professionnel. Il est souvent considéré simplement comme un défaut de charisme de l’enseignant et vécu par celui-ci sur le mode de la honte.
Autre phénomène peu étudiée (à l’exception des travaux de Pierre Merle), la pratique de l’humiliation des élèves par des professeurs reste présente dans certaines classes. Dans le cas du chahut comme dans celui de l’humiliation, on aurait tort de considérer ces phénomènes comme de simples exceptions et de s’abriter pour les expliquer derrière certaines défaillances des professionnels ou certaines difficultés liées au public scolaire. Ces deux phénomènes résultent d’un contexte sur lequel il convient d’agir.
LE SEXTING
Dernier Avatar des blessures de l’école
L’intimidation, le chahut et les humiliations scolaires sont des phénomènes anciens qui ont été décrits dans la littérature dès le XIXème siècle.
Aujourd’hui, la vie d’un adolescent peut soudain basculer parce qu’une photographie ou une vidéo le montrant dans une situation indécente ou gênante auront été diffusées à son insu. Si cet élève déstabilisé par une telle mésaventure ne trouve pas autour de lui un environnement sécurisant, il est à craindre que la meute des moqueurs se déchaîne contre lui et qu’il soit rapidement mis au ban de son établissement, raillé, ou même humilié et insulté par tous.
Une telle situation constitue pour un établissement scolaire un cas d’urgence absolue. Tout doit être mis en œuvre pour protéger la victime.